Des études réalisées avec de petits groupes de porcs (10-40) ont démontré qu’une densité animale élevée a un impact négatif sur la productivité et le bien être des animaux. Des études réalisées avec des groupes de plus de 40 porcs par enclos ont montré des impacts négatifs sur le taux de croissance des porcs juste après la formation des groupes. La recherche portant sur les effets de l’augmentation de la densité animale sur les porcs en croissance-finition qui sont élevés en groupes de grande taille est limitée, et ce même s’il a été suggéré que des porcs élevés en groupes de grande taille seraient capables d’utiliser l’espace plus efficacement. Cette étude a été élaborée pour évaluer les besoins en espace des deux types de groupes, grande et petite tailles, ainsi que les effets liés à une augmentation de la densité animale sur les performances des porcs, leurs comportements, leur physiologie, leur santé et leur bien-être. Pour cette étude, l’espace alloué par animal était déterminé en utilisant une approche allométrique reliant la masse de l’animal (M) à la surface de plancher allouée et ce en utilisant l’équation suivante : k = surface (m2)/M(kg)0.667. Des études antérieures ont démontré qu’au dessus de k = 0,035, la croissance est normale. Sous k = 0,035, l’espace devient une contrainte et une diminution de la croissance survient. Compte-tenu de règles de soins aux animaux établies, le régime d’augmentation de la densité animale dans cette étude a été terminé à k = 0,025 (approximativement 94 kg M à 0,52 m2/porc). Huit blocs de huit semaines de 288 porcs ont été étudiés. Les groupes de porcs étaient petits (18 porcs) ou grands (108 porcs) et les densités animales étaient définies comme élevée (0,52 m2/porc) ou faible (0,78 m2/porc). Ces combinaisons résultaient ainsi à quatre groupes testés : petits groupes à densité faible, petits groupes à densité élevée, grands groupes à densité faible et grands groupes à densité élevée (Figure 1 a-d, respectivement). Le gain massique, la prise alimentaire et l’efficacité alimentaire ont été calculés sur une base hebdomadaire. Les comportements de posture et d’alimentation ainsi que les blessures et les concentrations de cortisol salivaire (indicateur de stress élevé) étaient évalués à toutes les deux semaines. Les glandes adrénales (indicatrices de stress chronique) et des données liées aux carcasses étaient recueillies à l’abattage. La morbidité et la mortalité porcine étaient enregistrées pour tous les huit blocs. Un ratio 1 :1 de castrats et de femelles était respecté dans les deux premiers blocs et seules les données sur la productivité, les blessures, la santé et les carcasses étaient recueillies. Le reste des six blocs a été réalisé seulement des castrats et toutes les données mentionnées précédemment étaient recueillies. Une mangeoire humide simple à alimentation ad-libitum était installée pour chaque multiple de neuf porcs. Un jouet d’enrichissement était fourni pour chaque multiple de 18 porcs. Un gain pondéral plus rapide a été observé chez les castrats comparativement aux femelles (1,0644 vs. 1,0124 ± 0,0094 kg/j, P < 0.018) et ceux-ci avaient une épaisseur de gras plus élevée au moment de l’abattage (20,57 vs. 18,022 ± 0,25 mm, P < 0,002). Les femelles avaient un indice de classement plus élevé que les castrats (114,01 vs. 111,95 ± 0,32, P = 0,011). Aucun signe n’indiquait qu’un sexe était plus affecté que l’autre par la régie en grands groupes ou la densité animale plus élevée. Dans l’ensemble, les porcs soumis à une densité animale élevée avaient un taux de croissance plus faible et une masse corporelle finale plus faible que les porcs soumis à une densité animale plus faible (tableau 1). Le taux de croissance était réduit de 9,8% durant la dernière semaine du l’étude. Les porcs en régie de grands groupes avaient dans l’ensemble un taux de croissance plus faible que celui des porcs en régie de petits groupes (tableau 1). Pour les porcs en régie de grands groupes, l’impact sur le gain quotidien était le plus marqué durant les deux premières semaines et ce par une réduction de 5,4%. La différence dans les masses initiales (tableau 1) des porcs en régie de grands groupes montrait que la diminution de la croissance commençait durant les quatre premiers jours après la formation des groupes. Les premiers signes de réduction de la croissance associés à une densité animale élevée étaient observés beaucoup plus rapidement pour les porcs en régie de grands groupes comparativement aux porcs en petits groupes. Dans les grands groupes, le point critique (valeur k) pour lequel l’augmentation de la densité et la réduction de la croissance débutait était k = 0,042 (43 kg BW), tandis pour les porcs en régie de petits groupes le point critique était à k = 0,035 (57 kg BW). Cependant, le taux de réduction des gains étaient plus graduels pour les porcs en grands groupes. La croissance était réduite par 0,5% pour chaque réduction de 1% de l’espace par porc sous le point critique dans les petits groupes mais la croissance était réduite de seulement 0,2% pour chaque réduction de 1% de l’espace sous le point critique dans les grands groupes. Ainsi à la semaine finale de l’essai, les porcs des grands ou petits groupes soumis à une densité animale élevée avaient des gains similaires. De manière générale, les porcs soumis à une densité animale élevée avaient une efficacité de conversion alimentaire plus faible que les porcs soumis à une densité plus faible (tableau 1). L’efficacité était réduite de 11% durant la dernière semaine de l’étude. Les porcs soumis à une densité élevée prenaient moins de repas et de manière générale passaient moins de temps à manger ; toutefois la prise alimentaire n’était pas différente des porcs soumis à une densité plus faible. Ceci amène à croire qu’ils consommaient leur ration plus rapidement que les porcs en densité faible. La densité animale n’avait pas eu d’effet sur le classement des blessures pour la sévérité du boîtage, les morsures aux flans, les morsures des queues ou les lésions aux pattes. De manière similaire, il n’y avait pas eu d’effet sur le nombre d’animaux nécessitant un traitement médical (antibiotiques) ou le retrait de l’étude, ou le niveau de stress aigu ou chronique ressenti pas les porcs. Les porcs en grands groupes prenaient moins de repas mais mettaient plus de temps à manger chaque repas que les porcs en petits groupes. Les porcs en grands groupes montraient une plus grande sévérité de boîtage et de blessures aux pattes que les porcs en petits groupes. Les porcs en petits groupes passaient plus de temps assis et couchés sur leur sternum (poitrine) et moins de temps couchés sur le côté que les porcs en grands groupes. La taille du groupe n’avait pas d’effet sur le niveau de stress, le nombre d’animaux requérant un traitement médical ou le nombre d’animaux requérant un retrait de l’étude. Les porcs dans les petits groupes à faible densité animale avaient le plus grand rendement en viande maigre par carcasse alors que les porcs en grands groupes à faible densité animale avaient la plus grande épaisseur de gras. Les porcs dans les grands groupes à densité animale élevée avaient les classements de boiterie les plus élevés. En résumé, tant les petits groupes que les grands à densité animale élevée avaient un effet négatif sur les performances des porcs. Les porcs en grands groupes étaient affectés plus rapidement par une restriction d’espace que les porcs en petits groupes, toutefois la réduction de la croissance était beaucoup plus graduelle pour les porcs en grands groupes. Il y avait peu de preuves, aucune d’entre-elles liées à la productivité, qui démontraient que les porcs en grands groupes étaient capables d’utiliser l’espace plus efficacement que les porcs en petits groupes.
You must be logged in to post a comment.