La majorité des études sur les comportements alimentaires et sociaux des porcs ont été réalisées avec des groupes de 40 porcs ou moins par groupe. Cependant, ces groupes sont de taille bien moindre que certains qui sont utilisés de nos jours dans certains élevages commerciaux (100 à 1000 porcs par groupe) en Amérique du Nord et ailleurs. Les rapports sociaux touchant l’alimentation et autres activités comportementales des porcs dans de grands groupes sociaux ne sont pas bien compris. Par conséquent, la compétition et l’utilisation par les porcs de ressources importantes comme les mangeoires sont mal connues. Cette étude a été réalisée pour mieux comprendre les comportements alimentaires et autres activités comportementales ainsi que les impacts de plus grands groupes sociaux sur le stress social chez les porcs en croissance-finition. Pour tenter de répondre à cette question, deux blocs de deux traitements de tailles de groupe, 18 (Petit groupe) et 108 (Grand groupe) porcs en croissance-finition par enclos, ont été établis. Chaque essai, qui consistait en un bloc d’une durée de 10 semaines, était composé de deux enclos de Grands groupes et quatre enclos de Petits groupes. Au total, 576 castrats et femelles (Pig Improvement Canada) ont été utilisés pour l’expérience à la porcherie du Prairie Swine Centre à Elstow. Les animaux ont été sevrés à un âge approximatif de 18 jours et ont ensuite été placés dans des pouponnières pendant huit semaines avant de prendre part à l’expérience. Le ratio de castrats par femelles fut conservé constant (1:1) entre les deux tailles de groupes et le poids moyen des porcs au début de l’expérience était de 34.6 kg ± 4.1 kg (S.D). Les porcs étaient gardés sur des planchers complètement lattés avec un espace de plancher de 0.76m2 par porc. Des trémies-abreuvoirs procuraient la moulée et l’eau aux animaux, avec un ratio de 9 porcs par place de trémies (9:1). Les trémies, à quatre places par trémie, étaient placées à égale distance sur la ligne centrale des enclos de grands groupes. Cela a maintenu une distribution égale de trémies dans le grand groupe, donnant une chance égale à tous les porcs d’avoir accès aux trémies sans difficulté. Le comportement alimentaire individuel des porcs et les tendances alimentaires de groupe ont été étudiés durant les semaines 1, 5, 7 et 10 du cycle de croissance-finition. En plus, d’autres activités comportementales telles que le pourcentage de temps passé à boire/manger, à se reposer (couchés), debout ou à marcher ainsi que les tendances diurnes de ces activités pour les porcs dans les petits et grands groupes ont été étudiées durant les semaines 2, 5 et 10 après les regroupements. Pour évaluer l’effet de la taille du groupe sur le stress social, les niveaux de cortisol salivaire ont été mesurés durant les semaines 1, 2, 5 et 10. De plus, les paramètres morphologiques des glandes surrénales ont été mesurés à la fin du cycle croissance-finition pour comprendre les effets du stress chronique sur les porcs qui ont été placés dans de grands groupes. Les porcs dans les grands groupes ont eu plus de visites à la trémie pour s’alimenter (35 contre 25, P<0,05) et celles-ci duraient moins longtemps (232 secondes contre 301 secondes, P<0,05) durant le jour 3 après le regroupement. Cependant, il n’y eut pas de différences dans les nombres de visite à la trémie pour s’alimenter et la durée de celles-ci durant les semaines 5, 7 et 10. Nous avons aussi trouvé que le pourcentage de porcs faisant la queue aux trémies était plus élevé dans les plus grands groupes que dans les plus petits groupes durant le jour 3 (0,90 contre 0,59%, P<0,05). Cette tendance de pourcentage plus élevé de porcs faisant la queue aux trémies était aussi observée durant le jour 6 après un regroupement (0,79 contre 0,60%, pour les grands et petits groupes, P=0,08) mais il ne l’était plus après. Il y avait des tendances similaires de prise alimentaire sur 24 heures chez les porcs des Grands groupes et des Petits groupes durant les semaines 1, 5, 7 et 10 (Figure 1). De plus, le pourcentage moyen d’espaces de trémies occupés (jours moyens 3 et 6 et les semaines 5, 7, et 10) était lui aussi similaire entre les deux tailles de groupes (55,7% contre 56,2%, pour les grands et petits groupes). Les temps moyens passés à manger/boire (5,2% contre 5,2%, pour les petits et grands groupes), debout/à marcher (5,1% contre 5,4%, pour les petits et grands groupes) et au repos (89,6% contre 89,3%, pour les petits et grands groupes) n’ont pas été différents entre les deux tailles de groupe. De plus, les tendances diurnes de ces activités n’ont pas été affectées, elles non-plus, par les grands groupes. L’une des inquiétudes principales pour de grands groupes de porcs est le potentiel pour une augmentation des stressants sociaux. Cependant, dans le cadre de notre étude, les porcs dans les plus grands groupes n’ont pas démontré de signes de stress social à court terme (aigu) ou à long terme (chronique) durant toute la période expérimentale de 10 semaines (Table 1). Il est alors apparent que les porcs n’ont pas subis de stressants sociaux nuisibles en vivant dans de grands groupes.
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